Conditions de travail dégradées, salaires insuffisants : le métier d’enseignant en France est plus que malmené, en témoigne la crise d’attractivité que l’Éducation nationale traverse actuellement.

Sans partir d’un bilan objectif de l’état actuel de l’école, des raisons de la perte de sens et d’attractivité des métiers de professeur·e, des RASED et des AESH, le Ministre de l’éducation nationale et le Président ont annoncé en grandes pompes des mesures qui selon eux doivent permettre “d’augmenter les rémunérations”, “ de mieux accompagner les élèves en français et en mathématiques” et “d’ assurer un remplacement systématique des professeur·es absent·es”.
Concrètement et finalement, voilà ce que ça donne : aucune augmentation salariale réelle (seulement sous forme de prime(s) ) mais une pseudo revalorisation composée de 2 entités : un socle et un pacte. La belle affaire !

1) Le Socle

Il s’agit d’une partie que les personnels percevront de manière inconditionnelle, via l’augmentation des primes déjà existantes : l’ISAE et la prime d’attractivité pour les débuts de carrière.

• Pour la grande majorité des enseignants qui ont plus de 15 ans d’ancienneté, la seule « revalorisation » consiste en un doublement de l’ISAE ou ISOE (soit 96€/mois). En réalité, il n’y a aucune augmentation substantielle ni indiciaire. Cette prime, qui ne couvre même pas l’inflation de cette dernière année, ne donne droit à aucune cotisation pour les retraites. Une prime, c’est n’est pas du salaire !

• Pour celles et ceux qui ont moins de 15 ans d’ancienneté, s’ajoute une prime d’attractivité variable. Elle ne fait que relever le début de carrière qui frôlait le SMIC. Un·e enseignant·e en début de carrière était à 2,3 SMIC en 1980… contre 1,2 SMIC à l’heure actuelle. L’augmentation de la prime d’attractivité n’y changera rien !

• Les mesures pour élargir un peu l’accès à la classe exceptionnelle et à la Hors classe ne visent qu’à adapter nos carrières à leur allongement du fait de la réforme des retraites.

2) Le pacte

Il s’agit d’une combinaison de missions supplémentaires sur la base du volontariat.
Chaque mission est décomptée en unité de compte pacte appelée « brique ».
Chaque « brique », composée de 24 heures devant élèves (donc beaucoup plus avec les préparations) est rémunéré 1250 € à l’année.

Concernant les PE, les missions prioritaires sont celles du soutien des élèves en 6ème concernant le français et les mathématiques.

"Les professeurs pourront gagner jusqu’à 3 750 euros de plus par an" martèlent depuis des mois le Président et le ministre de l’Éducation.
Lors d’une réunion des personnels d’encadrement de l’académie de Versailles, un « diaporama national de présentation aux encadrants » du pacte enseignant élaboré par la DGESCO a été présenté.
Selon ce document du Ministère de l’éducation nationale, il n’y aura pas assez de budget pour que les enseignants du premier degré puissent prétendre à au moins un pacte.
Toujours selon ce même document, les enseignants de maternelle ne pourront pas s’engager dans les heures de soutien en 6ème – pas assez experts selon notre ministère ! (voir l’article du café pédagogique en fin d’article).

En conclusion, le pacte c’est :

• Travailler plus pour perdre un peu moins, du fait de l’inflation galopante. Avec un temps de travail moyen mesuré à 43 heures par semaine, et un salaire misérable comparé aux autres pays européens, cela relève d’un mépris institutionnalisé que de proposer « le pacte ».
• Placer les personnels dans des situations de concurrences et risquer d’aggraver davantage les inégalités femmes/hommes.
• Attaquer le statut et les missions de service public d’éducation, dégrader le fonctionnement des écoles, des collèges et des lycées. Comment imaginer que l’on puisse pallier à des difficultés avec des enfants déjà en 6ème, quand dans le même temps l’administration démantèle les RASED et poursuit la politique française de classes surchargées (5 élèves de plus par classe que la moyenne des pays de l’OCDE ! )…
• Accepter l’annualisation de certaines de nos missions, qui de fait glisseront sur les temps de vacances scolaires.

Pour toutes ces raisons nous invitons les collègues à ne pas s’inscrire dans ce dispositif et à répondre aux propositions par la motion de Conseil des maître.esses ci-dessous :

3) Ce que la FSU-SNUipp revendique !

Face à des choix gouvernementaux déconnectés des exigences de la profession, la FSU-SNUipp ne reste pas les bras croisés. Elle appelle les PE à ne pas s’engager dans le PACTE et soutiendra celles et ceux qui subiraient des pressions. Elle mobilisera la profession dès la rentrée, y compris par la grève, pour exiger une véritable revalorisation de 300 euros nets sous forme de point d’indice pour répondre à la baisse continue de pouvoir d’achat des personnels.

4) Pour aller plus loin :
– https://www.cafepedagogique.net/2023/03/27/thierry-lepineux-ce-que-le-pacte-enseignant-nous-dit-de-lecole-et-du-reste/
– les « 7 bonnes raisons de refuser le pacte »
– https://fsu.fr/reforme-des-retraites-pacte-ecoles-colleges-lycees-generaux-technologiques-et-professionnels-cest-toujours-non-tous-aux-rassemblements-le-31-mai-tous-en-greve-le-6-j/
– https://www.cafepedagogique.net/2023/05/30/pacte-des-promesses-rien-que-des-promesses/

L'arnaque du pacte enseignant et attaque contre notre métier